
Mediterranean Shipping Company (MSC), groupe familial italo-suisse, a choisi de déplacer ses porte-conteneurs de grande taille actuellement en service dans le monde entre l’Asie et l’Europe du Nord vers une ligne Asie-Afrique.
Ces navires, capables de charger 24 000 conteneurs EVP, vont en partie être redéployés entre l’Asie et l’Afrique de l’Ouest. Un choix inédit et une avancée majeure pour une route commerciale où les plus grands navires actuellement mobilisés sont des unités de 16 600 EVP. Cette taille jusqu’alors record pour l’Afrique est déjà déployée par MSC depuis quelques années dans les ports de Lomé et de Tema. Dans ces hubs, l’armateur est actionnaire via deux filiales différentes : Terminal Investment Ltd (TIL) à Lomé, en association avec le chinois China Merchants Ports, et Africa Global Logistics (AGL) à Tema, avec le danois Maersk.
Les porte-conteneurs de la classe 24 000 EVP seront déployés sur le service MSC baptisé Africa Express, reliant l’Asie à l’Afrique de l’Ouest. Un premier navire, le MSC Diletta, de 23 782 EVP, a commencé son voyage en Asie fin février. Treize autres, allant de 23 650 à 24 340 EVP, les plus grands porte-conteneurs du monde, suivront chaque semaine.
Ce service venant d’Asie (Corée, Chine, Thaïlande, Singapour et Inde) fera escale à Lomé, Tema et Abidjan (terminal également exploité par MSC, via sa filiale AGL, et Maersk). Il transitera également par le port camerounais de Kribi, dont le terminal à conteneurs (Kribi Conteneurs Terminal) est coexploité par AGL, le français CMA CGM et le chinois China Harbour Engineering Company (CHEC). Ce terminal a d’ailleurs récemment vu sa longueur de quai multipliée par trois (portée à 1 100 mètres) à la suite de travaux réalisés par CHEC et achevés fin février. Les sept portiques à conteneurs déjà en place, contre deux depuis l’ouverture de Kribi en 2018, témoignent d’un changement d’échelle majeur que vient confirmer l’arrivée de porte-conteneurs de 24 000 EVP.

Des taux de fret avec l’Europe en chute libre
Ce grand changement est principalement motivé par la volonté de MSC de profiter des tarifs élevés sur le commerce, dynamique et moins concurrentiel, entre l’Asie et l’Afrique de l’Ouest, alors que les taux de fret (prix du transport maritime) se sont effondrés de plus de 40 % depuis le début de l’année sur les lignes Asie-Europe du Nord. Sur ce segment, le prix de transport d’un conteneur est moitié moins élevé que sur l’Asie-Afrique de l’Ouest.
En tant que premier mégatransporteur non membre d’une alliance depuis son divorce d’avec Maersk, en février 2025, MSC est en mesure de réagir très rapidement aux changements d’offre, de demande et de tarifs. Cela signifie également que les changements de capacité au sein du réseau MSC ne sont pas nécessairement permanents.
N.L.G